Ce matin je n'ai plus peur.

Il n'est plus question de faire marche arrière, pas même d'hésiter. Je suis né libre, et libre je suis.
Plus aucune entrave ne doit souiller ma vie.

Je ne pouvais plus me supporter tel que j'étais: imaginaire, soumis et faible. Cette nuit il y eut en moi un cri du corps, mais aussi et surtout un cri de l'esprit. 
Je l'ai senti venir, il ne s'est même pas fait discret. Ma vie prenait alors des angles qui ne lui sont guère familiers; elle s'étalait, curieuse, dans une espèce de monotonie infame, de bulle poussiéreuse, un peu comme le silence qui précède l'onde de choc d'une explosion.
Je ne reconnaissais plus personne; des visages, des photographies, peut être; mais plus aucun comportement, plus aucun geste ne me semblait alors familier. Implosion.

"L'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et il se définit après. L'homme, [...] s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien. Il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait. [...] L'homme est seulement, non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il se veut après cet élan vers l'existence; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait."
Sartre. L'existentialisme est un humanisme

Je le crie et le pleure: je n'ai plus aucune attache.

Combien de vies gâchées par la peur?

Il faut que je vive.
Il ne s'agit pas d'une espérance, mais d'une promesse.
Il ne s'agit plus d'un désir, mais d'une nécessité.

Et même si j'échoue, j'ai désormais la certitude que je me relèverai. Je n'ai plus rien à perdre. 
L'essentiel est d'être conscient que je n'ai qu'une seule vie, et que rien ne me sera offert. Je ne dois plus hésiter, je ne dois plus attendre, je ne dois plus me lamenter.

Ma mort ou mon départ, cela revient au même.